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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 14:50

GRIPARI_GAPAILLARD_HistoireduPincePipo_2012.jpg

Histoire du prince Pipo, de Pipo le cheval et de la princesse Popi

Pierre Gripari & Laurent Gapaillard

Grasset Jeunesse

2012

216 pages - 18 x 13 cm

 

J'aurais voulu que ma grand-mère me lise cette histoire à haute voix, comme elle m'a jadis lu Un bon petit diable de la Comtesse de Ségur, Les aventures de Sylvain et Sylvette (il en existe une centaine de volumes je pense !) et tout un tas d'autres merveilles. Avec ses intonations, je ne sais pas comment l'expliquer mais tout prenait une consistance particulière, pleine de douceur et de malice. L'histoire du prince Pipo lui serait allée comme un gant. "Malheureusement", j'ai dû me débrouiller seule. Mais le voyage au pays de Gripari fut tout de même un délice !


Il s'agit là d'un conte qui prend le meilleur du conte traditionnel (ambiance médiévale, magie, héroïsme, péripéties à foison...), pioche également du côté des contes philosophiques façon Voltaire ou Diderot, et bénéficie du syndrome nouveauté et de la voix de Gripari en prime. Une petite pincée d'absurdité, un soupçon de violence bien sentie, une lichette de de romantisme et paf ! on ne lâche plus le livre. Chaque page est une surprise et chaque tournant de l'histoire offre son lot de sensations. Et, pour le plus grand plaisir du lecteur, le livre est un lot d'histoires imbriquées les unes dans les autres : l'histoire du prince Pipo est racontée par Monsieur Pierre, et Pipo quant à lui se fait conteur de l'histoire du Chagrin et de celle de Kosch l'immortel. Impossible de s'ennuyer ! Embarquez à la gare du Sommeil, direction le Pays-où-l'on-ne-va-qu'en-dormant, puis passez dans les flammes d'un volcan, séjournez dans le pays où tout le monde est roi, combattez le dragon Tarabistrakum (et devenez vous-même un dragon sanguinaire), recontrez le sage rat blanc, gardien de la Grande Bibliothèque, lisez le livre de votre vie, accomplissez enfin votre destinée.


Gripari a la gentillesse de proposer au lecteur à la fin de certains chapitres de dessiner une scène de son choix afin d'illustrer les aventures de Pipo. Et en parlant d'illustrations, Laurent Gapaillard s'est justement livré à l'exercice et offre à nos yeux émerveillés 10 illustrations (11 avec la couv, sublime d'ailleurs) plus grandioses, spectaculaires et inquiétantes les unes que les autres. Comme dans Le Yark, les images foisonnent de nuances et de détails, quand bien même elles sont en noir et blanc. Un régal !!!

 

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Il ne me reste plus qu'à vous ordonner de vous précipiter en librairie/bibliothèque et

de (faire) dévorer cette petite perle !

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 20:31

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Janne Teller

Les Grandes Personnes

2012

142 pages

 

Le titre intrigue, forcément. Et après lecture, il fait froid dans le dos.

Ce rien raconte pourtant quelque chose, et ce quelque chose est l'histoire de jeunes de 12 ou 13 ans qui vont tenter de prouver que la vie a un sens. Rien que ça... Ce qui les motive, c'est le fait que l'un d'entre eux affirme que tout est vain, que rien n'a de signification puisqu'absolument tout est voué à disparaître. Grosso modo. Ses camarades sont déroutés par une idée aussi catégorique et restent persuadés qu'ils peuvent prouver à cet ange de l'apocalypse qu'il y a bien des choses sur cette terre qui valent la peine, qui sont chargées de signification. Qu'à cela ne tienne, la petite bande entreprend d'ériger un Mont de signification, soit un empilement d'objets qui font sens à leurs yeux. Le jeu est que chaque enfant doit décider de ce que doit mettre le suivant.

 

Au début ça va, on demande notamment à la narratrice de se séparer de ses sandales vertes toutes neuves. Mais chaque élève demande au suivant une chose dont il est plus dur de se séparer. Le petit hamster de celle-ci, le tapis de prière de celui-là, le vélo de l'un, le cercueil du petit frère de l'autre, l'escalade ira loin. Je ne veux pas vendre la mèche mais certaines requêtes ont failli me faire tourner de l'oeil dans le métro.

 

J'aime définitivement ce livre, car il nous montre l'enfance dans tout ce qu'elle a de cruel, de violent, mais surtout de profond et d'entier. Quand on est jeune, on manque de recul, de points de comparaison, on ne peut pas relativiser, peser le pour et le contre, faire dans la demie-mesure. Les choses qui enfant nous paraissaient évidentes nous semblent aujourd'hui insensées, d'autres nous laissaient indifférents qui aujourd'hui sont le coeur du problème.

 

Rien est une grosse claque, un vrai questionnement sur les raisons de l'existence, une réflexion sur la curieuse course du monde et de la société, où le peu de choses réellement importantes s'avèrent finalement achetables. Un peu déprimant comme lecture, impossible de le nier, mais comme vous l'avez compris, c'est pour mieux nous faire ouvrir les yeux sur ce qui n'a pas de prix à nos yeux.

 

Une lecture essentielle, et un livre pour tous, assurément.

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 22:49

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Tim Willocks

Syros

2012

15 x 22 cm - 350 pages

 

Pour info, j'ai lu ce roman avant qu'il ne se voit décerner la Pépite du roman à Montreuil l'autre jour.

 

     Je l'ai lu parce que j'en avais entendu beaucoup de bien autour de moi et, comme je ne suis pas franchement une amie des animaux et des "romans d'animaux", je me suis dit que ça pouvait être l'occasion de faire la paix avec le genre. J'ai toujours peur que ce soit une histoire comme dans ces films américains où les animaux parlent et vivent des aventures pas franchement transcendantes.

     Je dois malheureusement me rendre à l'évidence, l'histoire de Furgul, le lévrier-chien-loup de Doglands, n'a pas bousculé mes préjugés. Il s'en est fallut de peu je crois, mais trop de fois j'ai eu l'impression de n'être pas à ma place en le lisant. J'entends pas là que je me suis dit trop souvent : "ah oui ce passage-là plaira aux enfants", d'un air de dire que ça ne m'émeut pas plus que ça. Alors bien sûr on va me dire que le lectorat visé est effectivement les enfants (disons les jeunes ados dans le cas de Doglands), mais ça n'excuse rien. Quand j'ai lu Tobie Lolness, jamais je ne me suis sentie gênée, comme un pied dans une chaussure trop petite ! Quand je lis Roald Dahl, je ne me sens pas illégitime non plus ! Bref vous comprenez l'idée.

     Dans Doglands, j'ai eu le sentiment de me heurter à des clichés un peu vite installés : le chien qui veut retourner à la vie sauvage parce que décidément les humains sont trop débiles, avec leurs centres commerciaux où ils s'achètent un tas de trucs étranges dont le chien ne voit pas l'utilité, et qu'est-ce que c'était mieux quand les chiens-loups étaient les maîtres sur terre et qu'ils pouvaient courir où bon leur semblait, la truffe au vent, sur les "sentes des chiens" (des sortes de passages secrèts dans la nature...). Heureusement, certains humains comprennent les chiens, et peuvent même dialoguer avec eux !!! Euh... mouais ? Mais peut-être que mon jugement est affecté du fait que les animaux ne gagnent pas facilement ma sympathie (bien que je sois horrifiée à l'idée qu'on leur fasse du mal).

     Quelques passages extrêmement violents font monter un peu l'âge du lectorat mais du coup je suis encore plus perplexe.

 

     Bon. À me relire, le tableau est assez noir. Mais le livre n'est pas mauvais ! C'est juste que j'aurais voulu y trouver un je-ne-sais-quoi qui fasse la différence à mes yeux. La prochaine fois peut-être...

En attendant, si vous avez dans votre entourage un ado qui aime l'aventure et les animaux, banco ! Ce n'est quand même pas pour rien qu'il a remporté un prix à Montreuil

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 19:13

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Méto - La Maison / L'île / Le monde

Yves Grevet

Syros

2008 - 2009 - 2010

 

Okay.

Mille ans plus tard.

Me revoilà.

 

Et Méto est la raison idéale pour refaire glorieusement surface.

 

    Après avoir aimé passionnément les Tobie Lolness et Vango de Timothée de Fombelle, mon nouveau héros est Méto, personnage éponyme d'une trilogie incroyable.

 

    Trois tomes : La Maison, L'île, Le monde. Programme aussi simple que prometteur pour un roman d'apprentissage pourtant pas banal : Méto, 14 ans, ne se rappelle de rien qui ait eu lieu avant ses 11 ans, âge auquel il a intégré la Maison. Il ignore d'où il vient (et ne se pose pas vraiment la question, du moins pas tout de suite), et ce qu'il y a hors de la Maison.

 

    Aucune fenêtre n'est jamais ouverte et les règles sont plus que strictes, absurdes. Pendant les repas, merci d'espacer les bouchées de nourriture de 50 secondes pile. Pendant le sommeil, interdiction absolue de faire le moindre mouvement : faire craquer le lit vous condamne à être emmené hors de la Maison pour toujours (pour devenir quoi ? mystère). Le seul sport autorisé (et le seul connu d'ailleurs) est l'inche : la tenue règlementaire est composée de protections pour l'ensemble du corps qui ressemblent à des muscles et des os, et cela se joue à quatre pattes, une balle dans la bouche. Et toute violence est autorisée, même si elle doit entraîner la mort d'un des joueurs.

Les 64 garçons de la Maison ne savent pas ce qu'est une fille, les surveillants s'appellent tous César, et on passe 24h (minimum) dans une pièce glaciale quand on manque à une règle.

 

Voilà voilà voilà.

 

MAIS UN JOUR !!!......... Méto enfreint le règlement et découvre furtivement l'envers du décor. La puce à l'oreille, il ne cessera plus de chercher la vérité et la raison de ce délire.

 

    Ce qui semble être un roman d'anticipation est en fait une réécriture de l'Histoire : bienvenue dans les années 1970, mais dans un monde où la Guerre froide aurait conduit à une quasi apocalypse (ce qui a vraiment failli être le cas). Yves Grevet écrit l'obstination et le courage d'un personnage qui veut croire qu'une autre vie est possible. L'écriture de Grevet est aussi simple qu'une soif de liberté. Son écriture est ajustée au millimètre près, accordée comme une petite musique limpide et que l'on arrête pas.

Les adolescents devraient s'identifier de façon évidente aux héros, et en tant qu'adulte j'avoue ne pas m'être sentie hors jeu !

Le seul cigare dans le potage est malheureusement la fin. Comparé aux deux premiers tomes, le troisème est un peu trop évident. J'ai cessé d'être surprise vers la moitié de ce tome 3, ce qui est bien dommage ! Je ne vais pas donner de détails (parce que j'espère bien que vous les lirez ;-)), je vous dirai simplement que ça manquait, à mon sens, de coups de théâtre qui auraient conclu la trilogie en beauté et qui auraient laissé plané le doute. En somme, ça se termine un peu trop bien =)

 

    Cela reste tout de même une saga à découvrir, notamment à l'occasion de la parution de la version intégrale, prévue pour octobre prochain.

Et un auteur à suivre, via son nouveau roman, Nox, une dystopie qui s'annonce bien (parution en octobre également).

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 11:02

{ Pour celles qui se seraient posé la question : oui je suis bien en vie  et ne vais pas vous bassiner avec les raisons qui font que c'était le silence radio depuis... un bout de temps... Me revoilà donc, et j'espère retrouver rapidement mon rythme ! }

 

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Edgar Allan Poe, traduit par Baudelaire, illustré par Harry Clarke

Editions courtes et longues

2011

445 pages

 

Attention trio de choc pour édition sensationnelle

 

     Tout le monde connaît les Histoires extraordinaires d'Edgar Poe. Quand on n'a pas mis le nez dedans par curiosité et/ou par plaisir, on en a lu pour l'école. Et on a aimé !

     Souvent, on associe Edgar Poe et ses Histoires à l'horreur et à l'angoisse, voire au gore. Mais ça y est, je sais désormais que c'est bien plus que ça. Si Le Chat noir, le Double Assassinat dans la rue Morgue ou Le Coeur révélateur laissent des souvenirs impérissables et nous font longtemps faire des cauchemars (ce fut mon cas après la lecture du Chat noir : vous connaissez mon "amour" pour la bête féline... hum), c'est aussi Le Scarabée d'or, l'Aventure sans pareil d'un certain Hans Pfall, Une descente dans le maelstrom ou La Lettre volée : s'ouvre alors tout un monde de chasses au trésor palpitantes, de voyages dans la Lune, de récits de marins ou d'enquêtes à la Sherlock Holmes. L'univers et l'imagination de Poe regorgent de surprises !

 

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     Le livre dont je veux vous parler ici n'est pas une simple édition de ces Histoires. Tout d'abord, les Histoires et les Nouvelles Histoires sont regroupées ici dans un unique volume. L'ouvrage est un objet sublime, rouge éclatant, sur la couverture duquel se découpent en traits d'argent le titre ainsi qu'une illustration à faire trembler les plus courageux d'entre nous : un homme dans un cerceuil, bien loin sous terre, a le visage tordu par l'effroi de se réveiller vivant dans cette prison qui sera finalement bien son tombeau. Le ton est donné mais brouille pourtant habilement les pistes : l'illustration de la couverture correspond à un conte qui ne figure pas dans la liste des Histoires extraordinaires et des Nouvelles Histoires extraordinaires, et qui appartient à un autre recueil... Mmm...

     Les illustrations parlons-en, car c'est là que réside la vraie originalité de cet ouvrage : au début du XXe siècle, un artiste irlandais répondant au nom de Harry Clarke, maître verrier de son état, a illustré les nouvelles d'Edgar Poe d'une manière définitivement magistrale. L'horreur autant que la poésie se retrouvent dans ces images fascinantes dont chaque trait pique ou caresse l'oeil, mais en aucun cas ne laisse indifférent. C'est une galerie à mi-chemin entre le réel et le fantastique, reflet exact et pourtant libre des textes d'origine. Ce fut pour ma part une découverte bouleversante qui a su me surprendre sur un terrain que je croyais familier, celui des nouvelles de Poe.

     Rajoutez à cela la divine traduction-trahison de Baudelaire, et vous avez l'un des trios de choc les plus réussis de l'histoire de la littérature.

 

   clarke4-copie-1.jpg clarke5.jpg clarke7.jpg

 

     Jetez-vous sur cet ouvrage qui saura vous faire (re)découvrir avec délice toutes les facettes du plus européen des écrivains américains !

 

Note : vu le nombre de trucs effrayants et cauchemardesques qui figurent au palmarès de M. Poe, je propose ce billet pour le Monstrueux Challenge de Za !

 

monstrueuxchallenge

 

Pour voir un peu plus d'illustrations tirées de cette édition, suivez {ce lien} !

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 11:26

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  Bertrand Santini & Laurent Gapaillard

Gasset Jeunesse

2011

15,5 x 21,5 cm environ - 76 pages

 

     Après le billet de Za ou celui de Jean de la Soupe de l'espace, délectables, je ne sais trop quoi dire à propos de ce Yark qui séduit tous ceux qu'il croise !

     Je ne sais pas ce qui est le plus hallucinant avec ce livre : le livre en lui-même, ou le fait que quiconque lit un avis sur la question se précipite aussitôt dans la librairie la plus proche pour voir ça de plus près et s'assurer de ne pas louper le truc de la décennie. Comme disait je-sais-plus-qui, il faut se méfier des choses qui font l'unanimité. A méditer.

     N'EMPECHE QUE il me plaît vraiment ce Yark, à moi aussi. Parce qu'il me fout la trouille évidemment.

 

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     Mais revenons-en quand même quelques instants à nos moutons : Le Yark de Santini et Gapaillard vaut le détour. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la bête, le Yark est une créature dévoreuse d'enfants... sages. Oui, seulement ceux-là. Et comme de juste, il n'est pas aisé pour le pauvre monstre de se nourrir par les temps qui courent.  Je me rassure en me disant qu'il ne m'aurait jamais bouffée : je n'ai pas été ce que l'on appelle une petite fille modèle. Je crois même que c'est moi qui aurait bouffé le Yark.

     Le texte est carrément culotté mais non moins délicieux, et les illustrations, savoureusement glaçantes, me rappellent celles de Gustave Doré (rapprochement également fait par Za) et celles d'Harry Clarke, maître ès horreur (dont je vais d'ailleurs vous reparler trèèèèès bientôt : restez à l'affut).

     Santini est romancier, conteur et poète, assurément. Chaque phrase est une petite merveille qui appelle la suivante et se souvient de la précédente, tant est si bien que le texte se lit effectivement d'une traite, avec le coeur qui bat, l'esprit en ébullition, les mains tremblantes de plaisir et un sourire un peu inquiet au coin des lèvres. Ce livre aurait sa place au rayon adulte autant qu'il l'a au rayon jeunesse. Ce qui est intergénérationnel a ma préférence et je n'ai de cesse de rassembler une armée de livres du genre ! Quel bonheur est alors la découverte de ce monstre littéraire, OVNI (le Yark a des ailes) miraculeux.

     Les illustrations sont à la hauteur de la qualité des mots et Gapaillard nous happe dans un tourbillon en noir et blanc, aux saveurs bien plus colorées que le plus beau des arc-en-ciel. Un savant mélange d'hommage à la tradition de la gravure (Doré again) et de modernité absolue.

 

Alors ? Qui sera le prochain à céder à la tentation du rêve et de l'épouvante ?

 

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                                             Gustave Doré                                                                   Harry Clarke

 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 15:44

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Astrid Lindgren

Édition originale : 1945

Ma version : Hachette Jeunesse 1995

157 pages

 

      Qui n'a pas rêvé, petit(e), d'avoir Fifi Brindacier comme amie ou mieux, d'être Fifi. Elle est fascinante cette Fifi : nattes rousses de part et d'autre de la tête, chaussures trop grandes (pour que ses pieds puissent grandir confortablement), grande maison pour elle toute seule sans parents pour lui dire quoi faire et quand le faire, et surtout force herculéenne ! Elle passe ses journées à cuisiner une montagne de cookies, elle a pour compagnons un petit singe et un cheval, et a toujours des idées de jeux géniales (celui des Chercheurs de choses a l'air particulièrement attrayant !).

 

      Elle est drôle en plus, à raconter tout ce qu'elle a vu du temps où elle faisait le tour du monde avec son Papa. D'ailleurs, son Papa, il a disparu. Mais elle ne s'inquiète nullement : elle est certaine qu'il est quelque part sur une île où il est devenu Roi des cannibales. Fifi ne s'inquiète de rien, au-delà de toute raison d'ailleurs. Elle est brute de décoffrage, parle en argot, mange de la tarte à la crême en mettant la tête dedans et se contredit sans cesse. Elle ne voit pas à quoi pourrait bien lui servir l'école et ridiculise la maîtresse (qu'elle tutoie outrageusement) avant de retourner vaquer à ses occupations (faire tourner en bourrique un duo de gendarmes pas fute-futes). Elle n'est soumise à aucune autorité, personne ne semble pouvoir l'empêcher de vivre sa vie : c'est un sacré programme tout de même ! Fifi n'est pas une révoltée, elle n'est pas une révolutionnaire ni une meneuse, elle obtient sa liberté non au prix d'un combat mais plutôt grâce à cette puissance qu'est l'absurdité de son comportement, qui dépasse et déroute quiconque essaye de la raisonner.

 

Bref. Elle est sensass.

 

      Cette héroïne pas politiquement correcte, l'amie de mes sept ans, n'a pas pris une ride contrairement à moi ! Je me demande quelle personne elle serait devenue si Astrid Lindgren l'avait fait grandir... Peut-être qu'il vaut mieux pour elle que ses pieds n'aient jamais rempli ses chaussures ;-)

 

      Je conseille à tout un chacun de découvrir, de redécouvrir ou de faire découvrir cette petite fille aux moeurs scandaleuses et à l'imagination farfelue !

Note : les aventures de Fifi Brindacier sont déclinées en trois tomes ! Fifi Brindacier, Fifi princesse et Fifi à Couricoura.

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:15

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Vango

 

Timothée de Fombelle

2010

Gallimard Jeunesse

 

J’ai évoqué Vango dans mon billet surTobie Lolness, alors voici de quoi vous en dire davantage…

 

     Europe, 1934. Vango a vingt ans et court, court et court encore. Mais que ce soit la police ou des êtres louches et malintentionnés qui se lancent à ses trousses, ça n’est jamais que le passé de Vango qui le traque. Il ignore tout de ses origines et des raisons qui font qu’il est aujourd’hui activement recherché, mais est fermement décidé à ne pas se laisser prendre avant d’avoir élucidé les mystères qui entourent son existence.

 

     Sur fond de montée du nazisme Vango est en route vers son destin, qui s’annonce spectaculaire si l’on en croit les indices savamment distillés au fil des pages de ce premier volume. Et c’est vrai que même avant de savoir quoi que ce soit sur les circonstances de la naissance de Vango et celles de la disparition de ses parents, le récit de son enfance laisse rêveur. Élevé par Mademoiselle, vieille nourrice polyglotte qui lui transmets les langues qu’elle connaît, Vango grandit sur Salina, dans les Îles Éoliennes au large de l’Italie. Il connaît son île comme le revers de sa main, grimpe le long des falaises (parfois sans les pieds !), apprécie la compagnie des hirondelles mais beaucoup moins celle des humains. Il revient toujours, même après plusieurs jours de vagabondage, dans la petite maison de Mademoiselle d’où s’évadent des effluves de cuisine merveilleuse, annonciateurs de mets savoureux. La vie est douce pour le petit Vango mais une nuit, l’année de ses 10 ans, va changer la donne

     Au fil des ans le nom de Vango prend tout son sens : dans Vango il y a vent, et il y a surtout vengeance. Le souffle de la vengeance commence à courir dans l’esprit du héros. Lui qui devait être nommé prêtre (ouverture du roman) sent bientôt la haine couler dans ses veines et battre au rythme des choses qu’il apprend. Sacré programme.

 

     Comme disent les jeunes, c’est trop OUF ! Sans exagérer, c’est définitivement palpitant et imprévisible. Rien n’est convenu, on découvre l’univers de Vango et des gens qu’il croise sans jamais savoir ce que l’on va découvrir, les personnalités et les secrets de chacun sont passionnants, l’intrigue est rondement menée dans une habile construction entre présent et passé.

     Timothée de Fombelle confirme qu’il sait créer des êtres et des situations vibrantes de vérité et d’énergie. Comme dans Tobie Lolness, l’humanité tout entière a rendez-vous dans ce roman dont j’attends la suite avec une ÉNORME impatience.

 

Viiiite la suiiiite !

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 15:27

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Timothée de Fombelle - Illustrations de François Place

2006 (tome 1, La Vie suspendue) et 2007 (tome 2, Les Yeux d'Elisha)

Gallimard Jeunesse

 

Attention chef d'oeuvre

 

     Tobie Lolness, treize ans, est poursuivi par tout son peuple. Sa famille et lui sont accusés de haute trahison, de crime contre l'arbre sur lequel ils vivent tous, petits être hauts de deux millimètres pour les plus grands (vous avez bien lu). Tobie court et court encore, va des Cîmes aux Basses-Branches, se glisse comme une ombre toutes les nuits dans les recoins de l'écorce pour atteindre son but, pour atteindre sa seule alliée, la jeune et sauvage Elisha... Sa fuite le mène même hors de l'Arbre, dans les Herbes de la Prairie, chez les Pelés. Il n'est de retour que des années plus tard, lorsqu'un habitant de l'arbre, un vieil ermite étrange, vient lui apporter de terribles nouvelles...

Voilà grosso modo la trame des deux tomes qui composent la saga Tobie Lolness !

 

tobie4.jpgJ'ai découvert Timothée de Fombelle lors d'une conférence à Paris ("A qui s'adresse la littérature jeunesse ?"). Je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam mais l'entendre parler de ses livres a été un immense plaisir. Qu'à cela ne tienne je me suis procuré les deux tomes deTobie Lolness.

 

     J'ai vu défiler une galerie de personnages plus fascinants les uns que les autres. Fascinants de courage, de sincérité, de loyauté, d'obstination, d'abnégation, d'amour (paternel, maternel, fraternel, filial, amical, amoureux), mais fascinants aussi parfois d'horreur, de violence, de cruauté, de bêtise, d'intolérance, de lâcheté... Timothée de Fombelle a définitivement le don de créer des vies et de dresser des portraits vibrants pleins de surprises et de finesse. C'est l'humanité tout entière rassemblée dans ce peuple de l'Arbre...


tobie3.jpgCe qui est amusant dans ces romans, c'est que la seule chose un peu magique réside dans la taille des personnages. Tout le reste est réaliste et pas le moindre merveilleux ou fantastique à l'horizon. Le monde de Tobie ressemble étrangement au nôtre, références et allusions à notre planète faisant foi. Les questions autour de l'écologie, qui commencent à nous être familières, prennent une nouvelle dimension au travers de ce récit à la fois miniature et gigantesque. L'arbre vit, le père de Tobie, Sim Lolness, en est intimement convaincu. Personne pourtant ne croit le grand savant qu'il est, et encore moins lorsqu'il affirme que les grands travaux des Hommes pourraient détruire le Chêne.

 

     Je ne voudrais pas révéler trop des péripéties contenues dans ces deux livres, je dirais simplement que s'ils sont destinés à des enfants à partir de dix ans, j'y ai trouvé mille fois plus de choses que dans beaucoup de romans pour adultes. C'est rafraîchissant de lire une aventure aussi palpitante et subtile. La profondeur des relations entre les personnages, la façon dont l'auteur sonde l'âme humaine et la violence de certains évènements en font à mon avis un ouvrage totalement intergénérationnel que je recommanderais à n'importe qui quelque soit son sexe et son âge.

 

     Comblée par cette lecture, je me suis précipitée sur un autre roman de Timothée de Fombelle, Vango. J'en suis au tiers et je peux vous dire que ça promet... Chronique à venir !

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 11:58

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Le-livre-sauvage.jpg

Juan Villoro (traduit par Isabelle Gugnon)

Bayard Jeunesse

2011 (première édition mexicaine en 2008)

388 pages 

 

Je savais que les livres étaient magiques. Magiques ou en tout cas vivants... ce qui du coup est un peu magique ! Dans ce charmant roman de Juan Villoro, les livres bougent tous seuls sur les rayonnages, essayent de faire passer des messages aux humains et changent volontiers certains de leurs passages en fonction du lecteur !

     Le personnage principal, Juan, passe l'été de ses 13 ans chez son vieil oncle Tito, farfelu et attachant. Le vieux bonhomme habite une maison gigantesque remplie à ras bords de livres aux thèmes aussi nombreux que variés, et va confier à son neveu une mission des plus délicates : retrouver le livre sauvage, un ouvrage extraordinaire qui se cache depuis des années dans sa bibliothèque et qui refuse de se laisser attraper. On dit que ses pages sont blanches et qu'il attend le lecteur idéal pour s'écrire...

 

     J'ai beaucoup aimé cette histoire qui célèbre l'amour de la lecture et de l'objet livre. Les livres sont des personnages à part entière et son tantôt des amis tantôt des ennemis redoutables et manipulateurs. La métaphore est intéressante !

Les personnages humains sont hauts en couleurs, avec une mention spéciale évidente pour Tito qui n'en finit pas d'avoir un comportement et des idées surprenantes. Il faut le voir cuisiner en s'inspirant de ce qu'il lit dans les romans...

 

     Une jolie aventure qui rassemble autour d'une même passion des personnages de tous les âges, c'est plutôt sympa

 

Un petit extrait pour la route :


"Aucun objet n'a autant de personnalité qu'un livre. Une bibliothèque est un endroit où reposent des milliers d'âmes, une fantastique collection d'esprits et, comme ces derniers dans les cimetières, les livres se déplacent, s'approchent de certaines personnes et en fuient d'autres. [...] Au terme de quelques années de bonheur, j'ai appris que chaque livre a un esprit qui cherche son lecteur. Son lecteur préféré, idéal, absolu...", a murmuré Tito, une lueur de plaisir étrange au fond des yeux.

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