Lewis Carroll & Rébecca Dautremer
Gautier-Languereau
2010
29 x 35 x 2 cm
Tout le monde connaît Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, au moins par son adaptation en dessin animé par Walt Disney. On en a souvent vu des tas d’éditions différentes, illustrées ou non, et par des tas d’illustrateurs différents. Gros défi éditorial donc, que d’en sortir une énième version qui en vaille la peine.
Qu’à cela ne tienne, les éditions Gautier-Languereau ont vu les choses en grand, sens propre comme figuré. Ils ont fait le choix de publier le texte intégral tout en faisant du livre un ouvrage à ranger au rayon albums jeunesse ! Le résultat est sidérant : 29 x 35 cm environ, et 2 cm d’épaisseur (140 pages au programme !)… Inutile de vous dire que ça en jette et que vous ne pouvez pas le louper.
Le livre fait de plus hommage à l’univers hyper-onirique de notre ami Lewis en offrant au récit mondialement connu les illustrations de la flamboyante mais non moins minutieuse Rébecca Dautremer (au nom plein de promesses). La précision de ses traits traduit à merveille (c’est le cas de le dire) les situations et les corps bancals, les postures désarticulées ou les décors mouvant (une boule à thé s’ouvre en plein vol page 73 et laisse s’envoler les délicates petites feuilles). La profusion de minuscules détails est une joie pour le lecteur-spectateur attentif ! Les couleurs sont elles aussi un ravissement et n’en finissent pas de se décliner et de se marier en d’heureuses harmonies ou d’encore plus heureux désordres. Aux illustrations en pleine page voire en double-page s’ajoutent un série de croquis très fins et très riches.
Je salue également le travail de Solène Lavand, en charge de la conception graphique et de la mise en pages, qui sublime le texte autant que l’image. Tout est beau et bien senti, de la place du texte sur la page jusqu’à sa forme parfois inattendue, en passant par les choix typographiques parfaits et la mise en scène des titres des chapitres. Tous sont enrobés de cadres aux formes étonnantes : le titre du chapitre un est encadré par la silhouette d’une montre, le chapitre quatre par celle d’un manteau de cheminée, le chapitre sept par celle d’une théière etc.
La couverture du livre est magnifique et très énigmatique, cette Alice de profil, à l’air à la fois naïf et décidé, nous invite à entrer dans le livre et à découvrir le décor qui l’entoure. En effet, la couverture ne nous laisse rien deviner... La surprise en sera d’autant plus merveilleuse…