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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 11:50

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Emmanuelle Houdart & Marie Desplechin

Éditions Thierry Magnier

2011

38 x 28 cm environ, 51 pages


Attention chef d’œuvre

 

      Au rayon jeunesse je n’ai vu que lui. Je l’ai aperçu de loin et une attirance incontrolable m’a forcée à ne pas le quitter des yeux jusqu’à ce qu’il soit dans mes mains. Déjà de loin je savais qu’il allait être une expérience unique.

 

     Une fois en tête à tête avec lui, je regarde auteur/illustrateur/édition. Marie Desplechin/Emmanuelle Houdart/Thierry Magnier. Desplechin, je connais, j’aime. Thierry Magnier, je connais, j’aime. Emmanuelle Houdart, inconnue au bataillon mais désormais (et pour toute la vie) occupante d’une énorme place dans mon cœur ! Sur la couverture, un colosse en justaucorps noir, les yeux pleins de larmes et jonglant avec de délicates petites silhouettes féminines. Mais les silhouettes ne sont que des robes dépourvues de corps, sans petit cœur qui bat à l’intérieur ! Sur le corps du colosse, les tatouages recouvrent la peau partout où cela est possible. Seul le visage n’a pas été grignoté par la couleur. Quand j’ai vu cette couverture j’ai été profondément troublée par cette tristesse infinie cernée de motifs et de couleurs plus flamboyants et inquiétants les uns que les autres, cette solitude emmenant avec elle les noms de ses amantes et assise sur une pile de livres aux titres évocateurs…

Les saltimbanques.

Ce serait ça alors : des êtres colossaux, monstrueux, dérangeants mais délicats, vulnérables et aussi admirablement beaux. Fascinants, en somme.


      Qu’à cela ne tienne, j’ouvre le livre et me trouve nez à nez avec une galerie de personnages effectivement hors du commun. Ils sont tous là : sœurs siamoises, homme tronc, femme à barbe, diseuse de bonne aventure, « receveuse » de couteaux, dresseur de mouches… Une famille fantastique et inattendue nous ouvre les portes de son univers et des vies qui l’occupent. Chacun a son histoire et c’est là que l’habileté de Marie Desplechin entre en jeu. Nous sommes bien loin des clichés et l’auteur a eu le talent de créer des portraits aussi hauts en couleur que sont les illustrations. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les personnages prennent une consistance inouïe. L’une des bonnes idées de l’auteur est d’avoir choisi de « raconter les portraits » à la première personne, à travers les yeux d’un adolescent mal dans sa peau pour qui le cirque sera une rédemption (mais plus subtile que ce que vous pensez). Immersion profonde donc.

 

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Voici volontairement une série de détails des images, pour vous donner envie d'aller découvrir ce qu'il y a autour !

 

     Les images. Emmanuelle Houdart je vous aime. Cela fait bien longtemps que l’enfant qui sommeille en moi (comme en nous tous), tapi dans l’ombre mais attendant le moment de surgir, n’avait pas été aussi remué par tant de beauté troublante. Je crois que vous appelez ça « le merveilleux et l’épouvantable ». Vos illustrations (je devrais d’ailleurs dire vos « images », vos « visions », car celui qui illustre ici, c’est le texte), sont de celles qui marquent une vie et une imagination à jamais. Que n’ai-je découvert votre monde plus tôt ! Petite fille je suis certaine que cet album aurait été mon trésor. Celui que l’on aime et dont on a peur, celui qui obsède. Mais je suis heureuse parce que même aujourd’hui, même « grande », j’ai ressenti ce que j’aurais ressenti il y a quinze ans. Je pourrais parler des notes surréalistes, des influences possibles mais au fond, ce serait l'interprétation de l'adulte que je suis et qui en cet instant, m'intéresse beaucoup moins.

      Ce livre est pour moi la preuve ultime que le livre peut être totalement intergénérationnel. Que les peurs, les fascinations et l’admiration peuvent rassembler de un à cent ans. À travers ces héros surhumains, humains tout court finalement, nous nous retrouvons tous et ça, c’est merveilleux et épouvantable.


      Merci à Emmanuelle Houdart, Marie Desplechin et les Éditions Thierry Magnier pour le cadeau qu’ils nous font.

 

Nota bene : est-il utile de préciser que je me suis précipitée sur la bibliographie d’Emmanuelle Houdart ? Je vous la conseille, naturellement…

 

                                                                   challengealbumbig1 monstrueuxchallenge

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 11:15

     Par suite à mon billet précédent, voici une courte interview de l'illustratrice d'Alice au pays des merveilles...

     Elle est antérieure à la sortie de l'album et date précisément de la période où Rébecca Dautremer se lançait tout juste dans l'aventure. Elle nous parle de son rapport au texte et à Lewis Carroll et raconte ses aspirations et ses espoirs. Pour nous qui connaissons le résultat, c'est intéressant d'entendre ça

 

 

 


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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 09:59

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Lewis Carroll & Rébecca Dautremer

Gautier-Languereau

2010

29 x 35 x 2 cm

 

     Tout le monde connaît Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, au moins par son adaptation en dessin animé par Walt Disney. On en a souvent vu des tas d’éditions différentes, illustrées ou non, et par des tas d’illustrateurs différents. Gros défi éditorial donc, que d’en sortir une énième version qui en vaille la peine.


     Qu’à cela ne tienne, les éditions Gautier-Languereau ont vu les choses en grand, sens propre comme figuré. Ils ont fait le choix de publier le texte intégral tout en faisant du livre un ouvrage à ranger au rayon albums jeunesse ! Le résultat est sidérant : 29 x 35 cm environ, et 2 cm d’épaisseur (140 pages au programme !)… Inutile de vous dire que ça en jette et que vous ne pouvez pas le louper.

     Le livre fait de plus hommage à l’univers hyper-onirique de notre ami Lewis en offrant au récit mondialement connu les illustrations de la flamboyante mais non moins minutieuse Rébecca Dautremer (au nom plein de promesses). La précision de ses traits traduit à merveille (c’est le cas de le dire) les situations et les corps bancals, les postures désarticulées ou les décors mouvant (une boule à thé s’ouvre en plein vol page 73 et laisse s’envoler les délicates petites feuilles). La profusion de minuscules détails est une joie pour le lecteur-spectateur attentif ! Les couleurs sont elles aussi un ravissement et n’en finissent pas de se décliner et de se marier en d’heureuses harmonies ou d’encore plus heureux désordres. Aux illustrations en pleine page voire en double-page s’ajoutent un série de croquis très fins et très riches.

 

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     Je salue également le travail de Solène Lavand, en charge de la conception graphique et de la mise en pages, qui sublime le texte autant que l’image. Tout est beau et bien senti, de la place du texte sur la page jusqu’à sa forme parfois inattendue, en passant par les choix typographiques parfaits et la mise en scène des titres des chapitres. Tous sont enrobés de cadres aux formes étonnantes : le titre du chapitre un est encadré par la silhouette d’une montre, le chapitre quatre par celle d’un manteau de cheminée, le chapitre sept par celle d’une théière etc.

 

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     La couverture du livre est magnifique et très énigmatique, cette Alice de profil, à l’air à la fois naïf et décidé, nous invite à entrer dans le livre et à découvrir le décor qui l’entoure. En effet, la couverture ne nous laisse rien deviner... La surprise en sera d’autant plus merveilleuse

 

challengealbumbig1

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:15

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Vango

 

Timothée de Fombelle

2010

Gallimard Jeunesse

 

J’ai évoqué Vango dans mon billet surTobie Lolness, alors voici de quoi vous en dire davantage…

 

     Europe, 1934. Vango a vingt ans et court, court et court encore. Mais que ce soit la police ou des êtres louches et malintentionnés qui se lancent à ses trousses, ça n’est jamais que le passé de Vango qui le traque. Il ignore tout de ses origines et des raisons qui font qu’il est aujourd’hui activement recherché, mais est fermement décidé à ne pas se laisser prendre avant d’avoir élucidé les mystères qui entourent son existence.

 

     Sur fond de montée du nazisme Vango est en route vers son destin, qui s’annonce spectaculaire si l’on en croit les indices savamment distillés au fil des pages de ce premier volume. Et c’est vrai que même avant de savoir quoi que ce soit sur les circonstances de la naissance de Vango et celles de la disparition de ses parents, le récit de son enfance laisse rêveur. Élevé par Mademoiselle, vieille nourrice polyglotte qui lui transmets les langues qu’elle connaît, Vango grandit sur Salina, dans les Îles Éoliennes au large de l’Italie. Il connaît son île comme le revers de sa main, grimpe le long des falaises (parfois sans les pieds !), apprécie la compagnie des hirondelles mais beaucoup moins celle des humains. Il revient toujours, même après plusieurs jours de vagabondage, dans la petite maison de Mademoiselle d’où s’évadent des effluves de cuisine merveilleuse, annonciateurs de mets savoureux. La vie est douce pour le petit Vango mais une nuit, l’année de ses 10 ans, va changer la donne

     Au fil des ans le nom de Vango prend tout son sens : dans Vango il y a vent, et il y a surtout vengeance. Le souffle de la vengeance commence à courir dans l’esprit du héros. Lui qui devait être nommé prêtre (ouverture du roman) sent bientôt la haine couler dans ses veines et battre au rythme des choses qu’il apprend. Sacré programme.

 

     Comme disent les jeunes, c’est trop OUF ! Sans exagérer, c’est définitivement palpitant et imprévisible. Rien n’est convenu, on découvre l’univers de Vango et des gens qu’il croise sans jamais savoir ce que l’on va découvrir, les personnalités et les secrets de chacun sont passionnants, l’intrigue est rondement menée dans une habile construction entre présent et passé.

     Timothée de Fombelle confirme qu’il sait créer des êtres et des situations vibrantes de vérité et d’énergie. Comme dans Tobie Lolness, l’humanité tout entière a rendez-vous dans ce roman dont j’attends la suite avec une ÉNORME impatience.

 

Viiiite la suiiiite !

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 17:34

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Robert Sabuda & Matthew Reinhart

2007

Walker Books


     Si vos yeux réclament des spectacles grandioses et terrifiants, si votre cœur est avide de sensations fortes, pas la peine d’aller au Parc Asterix ou de tenter le saut en parachute.

     Ouvrez plutôt Mega Beasts. Rien que le nom, excusez-moi du peu, donne la chair de poule. Dans notre idiome gaulois je traduirais ça par Créatures Monstrueuses, ce qui, vous en conviendrez, fait froid dans le dos. Mais je vous rassure tout de suite, point d’horreur, nul massacre à la tronçonneuse ou déchiquetage bestial en règle dans ce sublime livre pop-up réalisé par les maîtres du genre ! Non non non, il s’agit d’un gentil livre documentaire sur la faune de notre planète à l’époque de la Préhistoire il y a… très très très très longtemps. Simplement voilà, c’est vrai, il faut le savoir, bon nombre de bestiaux étaient sacrément gros, d’où le titre.

 

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     Alors c’est parti pour plus de 35 animations pop-up plus folles les unes que les autres, des grosses en double-pages, des moyennes et des petites dans les marges, cachées sous des volets à soulever. Chaque créature présentée est associée à un petit texte explicatif qui la décrit et révèle ses petits secrets. Bémol (qui n’en sera pas un pour certains), tout est en anglais. J’ignore si le livre a été traduit en français, pour ma part j’ai acheté mon exemplaire dans la librairie de la BNF à Paris ce qui me laisse penser que c’était peut-être un arrivage spécial… Ch’ais pas.

     M’enfin quoiqu’il en soit, même en imaginant que le texte reste à vos yeux (et aux miens par moments je peux vous le dire) une suite de signes incompréhensibles, le spectacle n’en vaut pas moins la chandelle ! C’est une merveille visuelle ébouriffante de couleurs et de volumes, une prouesse technique qui fait pâlir mes copains ingénieurs.

     Dernier point non négligeable : l’aspect extérieur du livre. Il est tellement épais  que c’est presque un cube (bel effet dans ma bibliothèque) ! Le motif de la couverture imite le pellage brun d’une bête, histoire de nous mettre dans l’ambiance… Un sacré truc !

 

Je ne vous fais pas attendre plus longtemps, voici une petite vidéo qui vous prouvera que je n’ai pas menti !

 

 

 

challengealbumbig1

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 11:33

Laissez moi vous présenter mes cinq nouvelles assistantes... Elles seront présentes dans chaque article pour vous permettre d'avoir une idée du contenu des livres chroniqués, le tout en un clin d'oeil !

 

IMG_3351.JPG Voici MadmoiZelle Coup de Coeur !

IMG_3352.JPG MadmoiZelle Rigolade

IMG_3353.JPG MadmoiZelle Émotion

IMG_3355.JPG MadmoiZelle Trouvaille Étonnante

IMG_3356.JPG MadmoiZelle Palpitant

 

Il se peut que je sois amenée à en insérer d'autres si besoin est... Nous verrons !

En attendant j'espère que vous apprécierez la compagnie de ces petites compagnes de lecture ! {Je les ai mises dans la colonne latérale du blog pour que vous ayez toujours la légende sous la main...}

 

À bientôt !

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 19:54

Parce que j'ai envie, voici l'interview d'une artiste illustratrice au pseudonyme que j'aime, parce qu'il y a deux Z, comme dans mon propre pseudo, Zouz !


Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle j'aime cette Cat(erina) Za(ndonella)... Son travail est époustouflant. Grâce, virtuosité et grain de folie sont les maîtres mots !

 

J'espère en parler bientôt dans un plus long article ! En attendant, je vous propose de l'écouter parler d'une manière charmante de son travail...

 

 

 


 

 

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 18:39

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Sylvaine Hinglais & Tom Schamp

Albin Michel Jeunesse

2010

26 x 35 cm

 

      On aurait pu appeler ça "Le Fabuleux Livre totalement hallucinant surréaliste multigenre". Mmmm alors goûtons ça... Il y a de la fable là-dedans. Ou du conte. Mais il y a du théâtre aussi, beaucoup de théâtre. Il y a une pelletée de micros détails cachés trop rigolos. Il y a même un peu de photo, et un livre qui ne se prend pas dans le même sens que d'habitude et qui s'installe (explications plus loin). Et il y a des couleurs mais alors... PAR MILLIERS !!!

      C'est bien simple, c'est un éblouissement, une hallucination ! Le soleil est un pamplemousse mûr à souhait, certaines îles sont des pommes gigantesques à moitié immergées, les personnages sont mi-hommes mi-animaux, des oiseaux volent partout, dans des décors luxueux et/ou luxuriants où végétaux et animaux semblent être tout le temps à la fête.

 

      Mais de quoi ça cause ce super truc ? La question est légitime ! C'est l'histoire du taureau Aucassin (habillé comme un chevalier croisé du Moyen âge) et de l'antilope (gazelle ?) Nicolette (vêtue telle une princesse carthaginoise), récit inspiré d'une chantefable du XIIème ou XIIIème siècle (non je n'ai pas la science infuse, c'est indiqué au début du livre). Aucassin et Nicolette s'aiment mais leurs parents respectifs ne voient pas leur union d'un très bon oeil : ils ne sont pas du même pays et surtout, pas de la même religion. Aïe aïe aïe.

     Très vite pourtant la fable prend un autre tour. En effet, nos deux amoureux sont naufragés sur une île des plus singulières : ici ce sont les mâles qui portent les enfants et les femmes qui partent pour la guerre. Et la guerre consiste en un jeu étonnant : les deux peuples ennemis se jettent des légumes le long de la frontière !!! Aucassin, guerrier dans l'âme, aura d'ailleurs du mal à comprendre cette coutume bizarre... Toute la chantefable a pour trame de fond l'apprentissage de la tolérance et du respect des différence, ce qui est toooooouuuuut à son honneur...

 

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     Un truc sympa comme tout c'est que le récit est réellement amené comme une pièce de théâtre : chaque page tournée est un changement de scène (et deux ou trois scènes forment des "tableaux"). Normal quand on sait que Sylvaine Hinglais est dramaturge "de formation". Page de gauche l'illustration, page de droite le dialogue et la narration, et chaque réplique est précédée de la tête du personnage qui la prononce.

 

     Si vous tombez sur ce livre, régalez-vous en regardant tous les détails qui composent les illustrations, ça foisonnne ! Et c'est bourré de mini-surprises drôles comme tout, je vous assure

     D'ailleurs, vous me direz ce que vous en pensez, mais dans les illustrations qui montrent les spectateurs qui regardent sur la scène du théâtre l'histoire d'Aucassin et Nicolette (visibles dans la vidéo), je trouve plein de clins d'oeil au peintre Magritte. Je ne vois sans doute pas tout d'ailleurs ! Vous me direz !

 

Ci-dessous, une petite vidéo pour vous montrer un peu mieux

comment c'est en vrai !

Notes : cette vidéo a été filmée avec mon appareil photo, veuillez donc excuser le non professionnalisme et

la qualité médiocre du son et de l'image.

Et si on dirait que je zozote, je vous assure que ce n'est pas le cas dans la vraie vie !

 

 

 

 

Un peu plus de l'univers de Tom Schamp (dont je suis atrocement fan, du coup !) par {ici} !

Des infos sur Sylvaine Hinglais par {} !

 

challengealbumbig1

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 15:27

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Timothée de Fombelle - Illustrations de François Place

2006 (tome 1, La Vie suspendue) et 2007 (tome 2, Les Yeux d'Elisha)

Gallimard Jeunesse

 

Attention chef d'oeuvre

 

     Tobie Lolness, treize ans, est poursuivi par tout son peuple. Sa famille et lui sont accusés de haute trahison, de crime contre l'arbre sur lequel ils vivent tous, petits être hauts de deux millimètres pour les plus grands (vous avez bien lu). Tobie court et court encore, va des Cîmes aux Basses-Branches, se glisse comme une ombre toutes les nuits dans les recoins de l'écorce pour atteindre son but, pour atteindre sa seule alliée, la jeune et sauvage Elisha... Sa fuite le mène même hors de l'Arbre, dans les Herbes de la Prairie, chez les Pelés. Il n'est de retour que des années plus tard, lorsqu'un habitant de l'arbre, un vieil ermite étrange, vient lui apporter de terribles nouvelles...

Voilà grosso modo la trame des deux tomes qui composent la saga Tobie Lolness !

 

tobie4.jpgJ'ai découvert Timothée de Fombelle lors d'une conférence à Paris ("A qui s'adresse la littérature jeunesse ?"). Je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam mais l'entendre parler de ses livres a été un immense plaisir. Qu'à cela ne tienne je me suis procuré les deux tomes deTobie Lolness.

 

     J'ai vu défiler une galerie de personnages plus fascinants les uns que les autres. Fascinants de courage, de sincérité, de loyauté, d'obstination, d'abnégation, d'amour (paternel, maternel, fraternel, filial, amical, amoureux), mais fascinants aussi parfois d'horreur, de violence, de cruauté, de bêtise, d'intolérance, de lâcheté... Timothée de Fombelle a définitivement le don de créer des vies et de dresser des portraits vibrants pleins de surprises et de finesse. C'est l'humanité tout entière rassemblée dans ce peuple de l'Arbre...


tobie3.jpgCe qui est amusant dans ces romans, c'est que la seule chose un peu magique réside dans la taille des personnages. Tout le reste est réaliste et pas le moindre merveilleux ou fantastique à l'horizon. Le monde de Tobie ressemble étrangement au nôtre, références et allusions à notre planète faisant foi. Les questions autour de l'écologie, qui commencent à nous être familières, prennent une nouvelle dimension au travers de ce récit à la fois miniature et gigantesque. L'arbre vit, le père de Tobie, Sim Lolness, en est intimement convaincu. Personne pourtant ne croit le grand savant qu'il est, et encore moins lorsqu'il affirme que les grands travaux des Hommes pourraient détruire le Chêne.

 

     Je ne voudrais pas révéler trop des péripéties contenues dans ces deux livres, je dirais simplement que s'ils sont destinés à des enfants à partir de dix ans, j'y ai trouvé mille fois plus de choses que dans beaucoup de romans pour adultes. C'est rafraîchissant de lire une aventure aussi palpitante et subtile. La profondeur des relations entre les personnages, la façon dont l'auteur sonde l'âme humaine et la violence de certains évènements en font à mon avis un ouvrage totalement intergénérationnel que je recommanderais à n'importe qui quelque soit son sexe et son âge.

 

     Comblée par cette lecture, je me suis précipitée sur un autre roman de Timothée de Fombelle, Vango. J'en suis au tiers et je peux vous dire que ça promet... Chronique à venir !

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 11:19

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Julie Lannes

L'Atelier du poisson soluble

2011

35 x 25 cm

 

     Les Chimères Génétiques... C'est terriblement poétique comme titre ! Et pourtant, il n'y a pas grand chose de moins poétique que les OGM, autre nom (celui qui fut finalement retenu) de ces Chimères, découvertes par Stanley Cohen et Herbert Boyer en 1973.

     Mais enfin qu'est-ce que c'est que cet album ? Il a, semble-t-il, une vocation scientifique a priori barbante, celle de relater des expériences que des savants fous mijotent au fond des labos au quatre coins du monde...

     Oh mais attendez ça n'a l'air pas si barbant, et surtout pas si scientifique que ça...

Nous entrons non pas dans un compte rendu à visée didactique mais bien dans... l'herbier du futur. Julie Lannes répertorie mais surtout (surtout !) illustre avec beaucoup d'imagination et de grâce ce à quoi pourraient ressembler les plantes issues de ces manipulations plus folles et plus audacieuses les unes que les autres. Note : toutes les expériences figurant dans cet herbier n'ont effectivement pas donné naissance à des organismes viables à ce jour, ou ne courent en tout cas pas les cultures de l'agriculteur lambda.

     C'est un défilé de monstres mi-plantes mi-animaux qui fascinent par leur bizarrerie et leur beauté, accompagnés de leur nom latin, comme dans les herbiers classiques. Sur la page de gauche, un bref résumé de l'expérience surplombé d'un croquis, en noir et blanc, du résultat vu de près. Sur la page de droite, la plante-animale vue dans son ensemble et en couleurs, racines, branches, feuilles et fruits compris.


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     Julie Lannes fait de ces êtres rêvés de véritables bijoux dignes du plus grand joallier. Une finesse infinie, des jeux de transparence, des nuances de couleurs à n'en plus finir, des guirlandes de détails comme autant de délicats rubans, de petites chaînes en argent ou de minces colliers de perles. C'est sublime. Sublime également dans le sens glaçant du terme, le sublime qui inspire l'effroi : des araignées rachitiques se nichent entre les racines d'un pied de pommes de terre, des foetus humains cotoient les grains de riz, les branchies d'un poisson rouge sont l'endroit que choisit un pied de tomate pour implanter ses racines...

     Je ne parviens pas vraiment à indentifier les techniques utilisées par l'illustratrice, je dirais de l'encre mais il faudra que je me renseigne... Le résultat est, j'insiste, époustouflant, et émerveillera tout adulte amateur de botanique, de dessin, ou tout simplement de belles choses. Les enfants curieux et pleins d'imagination pourront aussi y trouver leur compte même si je doute que cet album, bien que vendu au rayon jeunesse, leur soit adressé (encore que).

 

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Ci-dessus, les gardes du livre, un blanc sur taupe subtil et délicat qui fait rêver (^_^)

 

     Jetez-vous dessus si vous le croisez en librairie, pour découvrir l'ensemble de cette galerie surréaliste et magnifique ! (Et moi, conquise, je vais me jeter sur un autre album de cette illustratrice, Le Secret de Madame de Polichinelle...)

 

challengealbumbig1

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